Devant charge des sarrasins ,
Je suis devenu crétin .
Quelle idée de croiser
Avec un froc rapiécé !
Je voulais surtout m’enfuir ,
Des coups de triques et de cuirs ,
Que mon bien-aimé seigneur
Avec diligence usait en sueur.
C’estoit mon père que ce larron ,
Violeur de filles et de chapons ?
Qui sur ma peau au nom du ciel
Déversait sa hargne et son fiel ?
Et le curé, son adjoint sodomite ,
De son chapelet me caressait la bite
Pendant qu’il me contait joyeusement
L’enfer , le diable et ses régiments !
Voilà pourquoi en cette année ,
Je devais me retrouver
Devant un bougre enturbanné
Qui essayait de m’embrocher .
Je suis ,dit on, chafouin
Mais aussi un peu malin
Et devant mourir en chrétien
décidais d’en reculer la fin .
Je dis au turc en quelques sorte
Des mots paisibles devant la porte
« faut il mourir pour nos pères
alors que nous sommes frères ? »
Il m’a alors compris
Et m’a épargné la vie .
Il faisait chaud
J’ai eu du pot .
Depuis ce jour je le confesse
Je ne vais plus à la messe
Car il faut vous dire en passant
Que j’ai du devenir musulman.